Je me souviens,
Comme d’un rêve,
De cette route de campagne
Qui relie Carvin à Estevelles,
La maison de mes parents
A celle de Tonton François et Tata Georgette.
Je me souviens aussi
De la Ford de mon père
Bleu marine, rayonnante,
N’attendant que moi pour la conduire.
Ce jour-là,
Il y a bien longtemps,
Le ciel était si bleu, si calme;
Le soleil ni beau, ni laid,
Etait tout content.
Il gazouillait tant d’oiseaux en fleur.
Le paysage défilait
Et la voiture mangeait le macadam
Entre les champs du ciel bleu.
C’était moi qui étais au volant,
Jeune, sans soucis et sans permis,
Mon père à mes côtés.
Nous étions en route pour Estevelles,
Sur ce chemin de campagne,
Le chemin d’Epinoy,
Idéal, quoique très étroit,
Pour un peu de pratique
Avant l’examen du permis de conduire..
Tout allait bien
Quand soudain
Au loin apparut un camion
Qui fonçait vers nous.
“Stop! Gare toi sur le bas-côté!”
Je refusai.
Le camion allait nous laisser passer.
Non et non
Le camion devait s’arrêter!
Je continuais de rouler,
Et mon père pris de panique.
Tambourinait des pieds contre le plancher.
“Arrête la voiture”.
Je défiais le temps, le camion et mon père.
Et en effet,
Heureusement pour nous deux,
Le bolide se mit sur le côté
Pour nous laisser passer.
Quelques mètres plus loin,
Je stoppai la voiture.
Je sortis du véhicule.
Outrée et offensée,
J’ordonnai à mon pauvre père
De prendre le volant.
Après cette petite aventure,
Finies les leçons de conduite accompagnée.
Je ne voulais pas gâcher
Cette relation spéciale
Qui existait
Et a toujours existé entre nous.