L’Amour Mort

Perdition

J’essaie en vain
De capturer la scène
Dans ma mémoire
Les larmes en suspens
Le souvenir de mes sentiments
Indésirée, indésirable
Ce relent de rancoeur
Dilué dans ma tristesse
Marchant
L’esprit ballant
Sous le crachin des réverbères
L’absence d’un rêve
Où je peux faire escale
Et cette plaquette de somnifères
Entamée …..

 

Fantasme

Les yeux vidés par la tristesse
Je me compose un visage muré
J’évoque les temps enfuis
Les péripéties de ma vie conjugale
Où je m’écorchais aux barbelés d’un enclos de silence
Où il résidait
Silence rayonnant de sombre mystères
Et moi, j’animais les repas de mes monologues incessants
Dans l’espoir d’un dialogue possible
Tout était vain
En dehors de son silence contempatif
Je désire tant pouvoir relèguer
Aux bienfaits de l’oubli
Ces souvenirs qui menacent
De briser ma tranquillité précaire

 

Fantôme 

Je flotte dans notre chambre

En t’attendant, mon amour.
Je regarde les objets familiers.
Le réveil-radio sur la table de chevet
Celui que nous avions acheté à Beauvais.
Sur l’appui de fenêtre, le vase qui te plaisait tant
Fait par un illustre potier.
Je vois que la porte de l’armoire est toujours cassée
Suspendue à sa charnière
Et tes épaisses pantoufles d’hiver
Reposent encore en bas du lit.

La dernière fois où j’étais ici

Me semble si loin déjà
Souvenir de ma maladie dans cette chambre
Ma souffrance prolongée
Mon état fragile et vulnérable
Tu étais merveilleux
Tu m’a tellement aidée, mon amour.
Avec l’effondrement final de mes poumons
La plongée profonde dans l’oubli
Tu me serrais dans tes bras et tu pleurais
Tu me berçais

Mon épaule trempée de tes larmes.

Je sais que maintenant tu as quelqu’un d’autre, mon amour
Je peux voir sa photo accrochée au miroir
Et la note griffonnée qu’elle a
Epinglée à la porte de la chambre,

Te disant qu’elle t’aime.
Elle a l’air d’être très belle, je suis sure qu’elle l’est
Et je suis sure qu’elle est digne de toi, mon amour
Comme j’aurais voulu l’être
Si j’étais encore là.